Ce programme de recherche explore le vaste éventail de nouveaux produits, éléments ou composants du second œuvre ayant permis de matérialiser et de qualifier l’architecture des Trente Glorieuses (1945-1975). Bien qu’ils équipent, recouvrent, protègent l’architecture, les composants du second œuvre sont rarement estimés à leur juste valeur. Pourtant, leur développement accéléré, porté par l’essor de l’industrie depuis 1945, a révolutionné le mode de production de l’architecture qui s’est par ailleurs diversifié et complexifié pour répondre aux exigences croissantes de bien-être et d’un cadre de vie de qualité. À l’heure d’une crise écologique planétaire sans précédent qui impose des changements sociétaux impérieux, il serait bon d’apprendre à regarder, comprendre, expertiser les qualités d’un passé récent trop souvent rejeté par ignorance. Et si le refus de l’amnésie était le point de départ d’une nouvelle manière de penser le projet d’architecture, en prenant la peine d’aller fouiller l’infra-ordinaire sans chambouler l’existant, en choyant un héritage infiniment plus riche qu’il n’y paraît ?

Une problématique inédite : le second œuvre

Dans l’histoire de la construction, on oppose souvent à la dimension structurale du gros œuvre, le caractère presque futile d’un second œuvre qui n’entrerait que dans l’aménagement final des édifices. La gamme gigantesque des produits du second œuvre prouve non seulement l’étendu d’un marché qui n’a cessé de croître au cours des Trente Glorieuses, mais aussi la dimension essentielle de ces éléments chargés de rendre les structures habitables. Employés au niveau de leur fermeture (on les trouve dans les murs rideaux et panneaux de façade), de leur couverture (de nombreux composants plastiques servent de lanterneaux), de leur isolation et de leur étanchéité, mais aussi à l’échelle de la grande famille des revêtements, des produits verriers et des équipements techniques chargés de contrôler le confort et les climats intérieurs, les composants du second œuvre ont largement contribué à l’histoire de l’architecture de la seconde moitié du XXe siècle.

Un programme de recherche novateur

Les paysages construits regorgent de produits et composants du second œuvre, reflets du foisonnement de documentations techniques et/ou catalogues d’entreprises réunis au sein des agences d’architecture, rompues à un nouvel art de la prescription. Relire autrement les architectures des années 1950-1970, consulter les pages des revues spécialisées de l’époque telles que Le Mur Vivant, Plastiques Bâtiment ou encore Architecture intérieure créée, permet de comprendre les substances méconnues et cependant encore pleines de promesses qui constituent notre héritage. C’est cette ambition qui porte le programme de recherches « Les produits de la croissance » développé depuis 2020 par Eric Monin et Catherine Blain au laboratoire LACTH (ENSAP de Lille), dans le fil des travaux du séminaire de Master Archéologie du projet (développés depuis 2010).

Depuis la mobilité de Catherine Blain à l’Ensa de Paris-Belleville (janvier 2022), le programme se poursuit dans le cadre d’une partenariat de recherche LACTH et Ipraus/AUSser, porté par un financement de l’entreprise Saint-Gobain.

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Mots-clés

composants produits trente glorieuses

Participants

Responsables

Catherine Blain (ENSA Paris Belleville)
Eric Monin (Lacth / Ensap de Lille)